dimanche 20 janvier 2013

Mérida la blanche, première étape du Yucatán


Le très arboré Zócalo ou "Place d'Armes" de Mérida

C'est avec la compagnie aérienne Aero Mexico que nous quittons la capitale pour nous rendre dans la péninsule du Yucatán, et plus exactement à Mérida (1332 km par la route), qui en plus de paraître sympathique à visiter, fait figure d'un excellent point de chute pour se rendre dans de nombreux sites alentours.


Fondée en 1542, par le conquistador Francisco de Montejo le Jeune, Mérida fut extrêmement importante à l'époque coloniale.
Elle a été bâtie sur les ruines d'une ancienne cité maya qui rappelait au conquistador la ville romaine de Mérida en Espagne.
L'ancienne Tiho (T'ho), ou Ichcanziho, était l'une des principales villes de la province maya de Chacán. La cité résista pendant plus de 15 ans à l'envahisseur colonialiste. 

Le Palacio de Gobierno est un legs de ce passé colonial.



Ville importante à l'époque coloniale, Mérida connaît plusieurs périodes de prospérité, notamment grâce au commerce du sisal, plante locale avec lequel on fait des cordes. C'est à partir du port de Sisal non loin de Mérida, qu'étaient expédiées les fibres dans le monde entier. Cette plante est aussi appelée henequén.








L'isolement géographique (1530 km de Mexico) et culturel de Mérida explique le fait que l'élite allait chercher son inspiration culturelle à l'étranger. Au début du 20ème siècle, c'était la ville qui comptait la plus grande proportion de millionnaires du pays, même si un grand nombre vivait réellement à New York ou dans les grandes villes d'Europe ! Elle était surnommée le "Paris mexicain".
Mérida était ainsi une ville aristocratique, même si, comme dans toutes les villes à toute époque, l'inégalité au sein de la population régnait. Ici, les éris et les indiens, plus pauvres, vivaient en périphérie de la ville. N'oublions pas que la ville fut forgée par la main des indigènes !




Dès notre arrivée, on tombe sur le Templo de la Tercera Orden, construit par les franciscains au 16ème siècle.

Appelé aussi Iglesia de Jesus. l'édifice présente un portail immense. Ses deux étroits clochers sont les derniers vestiges d'un ensemble religieux beaucoup plus vaste.


Parque Cepeda Peraza

















Comme la majorité des villes du pays (et plus largement comme la plupart des villes espagnoles du Nouveau Monde), Mérida possède un plan de rues en damier, autour d'une grande place centrale et animée, la Plaza Mayor (ou Zócalo). Cette place peut prendre aussi le nom de Plaza Grande ou Plaza de la Independencia.
Lors de leur fondation, les petites villes prirent modèle sur la capitale : les rues rectilignes partent de cette espace rectangulaire bordé d'une église (ou cathédrale), de bâtiments administratifs (hôtel de ville) et souvent de galeries à arcades. Kiosques, fontaines et statues d'ornementation, réverbères et bancs ont été ajoutés au 19ème siècle.

Les arcades du Palacio Municipal

On trouve de beaux monuments aux alentours du Zócalo où de nombreux vestiges du passé colonial de la ville subsistent.

Une ancienne pyramide maya se situait à l'emplacement du palais municipal. Les matériaux qui la constituaient furent utilisés pour la construction de la cathédrale, de la maison Montejo et pour le reste de la ville.










Le Palacio Municipal du 16ème siècle, est un bel édifice à deux galeries superposées surmonté d'une tour d'horloge. Comme beaucoup de bâtiments administratifs, on repasse régulièrement un coup de peinture sur la façade. Le même édifice peut passer de rose saumon à rouge vif sur des clichés pris à différentes périodes.
















Le Zócalo est un lieu propice à la flânerie, soit sur un banc au centre de la place, soit à la table d'un célèbre glacier sous les arcades.











La très bonne ambiance du dimanche se traduit par des spectacles de rue gratuits où la trova et la jarana sont les principales attractions, les habitants font la fête en dansant autour du Zocalo dont les rues sont interdites aux véhicules pour la journée. C'est très animé, les boutiques et les cafés-glaciers sont ouverts et brassent du monde.
C'est l'occasion pour ces dames de sortir leur plus beau huipil. Il y a énormément d'anciens sur la piste improvisé.

Si dans les petits villages, les rues sont désertes le dimanche, ce n'est pas le cas ici, à Mérida !

Se garer dans le centre-ville en haute saison ne doit pas être chose facile, mais au-milieu du mois de janvier, on a toujours trouver de la place dans les parkings surveillés.
Par contre, il faut éviter de traverser la ville de bout en bout en passant par le centre, c'est interminable en fin d'après-midi !





Le Palacio del Gobierno, à l'architecture néoclassique du 19ème, abrite l'administration de l'état du Yucatán.

















A l'intérieur, 27 fresques retracent l'histoire très tumultueuse de la région (invasion de la région par les conquistadors, esclavagisme et conversion des Mayas au christianisme, destruction de leur culture). Ces "murales" sont l’œuvre de Fernando Castro Pacheco dans les années 1970.








Construite à la demande du roi Philippe II d'Espagne, cela fait maintenant plus de 4 centenaires que la cathédrale trône sur la Plaza Mayor.

Sa construction a été commencé dans les années 1560, c'est la plus ancienne cathédrale des Amériques.










On aperçoit le gigantesque crucifix entre les hautes voûtes.

































Son style renaissance a une allure plutôt sobre et l'imposante structure du monument a été bâtie à l'aide de pierres d'anciens temples mayas qui étaient situés à cet emplacement. Le crucifix derrière l'autel serait un des plus grands du monde.








La Casa de Montejo fut construit pour les premiers gouverneurs espagnols au 16ème, puis transformé en banque. C'est un des plus anciens bâtiments de la ville encore debout. Le portique est surmonté par les armes de Montejo. Il est du plus pur style plateresque (style de la Renaissance espagnole aux influences baroques), style chargé en ornementation.


















Notre petite balade à la découverte de Mérida nous entraîne dans des boutiques d'artisanat installée dans une ancienne maison sur plusieurs étages.
Attention ! Les vendeurs n'hésitent pas à gonfler odieusement les prix quand ils ont à faire à des touristes étrangers. La plupart du temps, lorsqu'ils nous entendent parler français et s’aperçoivent qu'ils n'ont pas à faire à des gringos, leur attitude s'adoucit un peu.

D'ailleurs, le touriste se fait accoster par un rabatteur dans la rue qui est prêt à l'emmener dans sa super boutique, qui est bien entendu la meilleur de la ville, voire de la région !
Les concurrents sont dénigrés.













Le Museo Macay ou Museo de Arte contemporaneo se trouve dans l'ancienne résidence de l'évêque, datant du 16ème.
On traverse le couloir abrité, regroupant des œuvres contemporaines.














Le très beau Théâtre Peon Contreras, fraîchement restauré, a été construit dans les années 1900 dans le style français.











Dans un style Art-déco, on passe devant la Cineteca Nacional, ancien Théatre de Mérida, à la façade en verre taillé et métallique.






















Dans le hall d'entrée, formes géométriques et carrelage sont tant éléments typiques de l'Art déco.



Restaurant La Bella Epoca


On apprend à faire de l’apnée quand on marche dans les rues embouteillées de Mérida.














L'entrée de l'Université du Yucatán a du style !








Plus on s'éloigne du centre, plus les bâtiments fraîchement repeints laissent place à des bâtisses plutôt décrépites. La "cité blanche" comme elle est surnommée prend alors des tons plutôt grisâtres...























Long de plusieurs kilomètres, le Paseo Montejo sont un peu "les Champs-Elysées" de Mérida. Cette avenue qui rappelle l'Europe, est bordée de belles demeures du 19ème siècle qui furent construites par de riches marchands de hennequen (nom mexicain donné au sisal, plante de la famille des agaves dont la fibre sert à la fabrication de cordage, de tissus et de tapis).








Le plus bel édifice est sans aucun doute le Palacio Canton, abritant le Museo regional de Antropologia qui est en cours de transfert dans un complexe culturel gigantesque et flambant neuf, au nord de la ville.
Le Palacio Canton est un palais à l'architecture néoclassique, de style franco-italien, en marbre de Carrare.



Le luxueux Palacio Canton est orné de colonnes ioniques et décors italianisants.





Concernant le musée, on a le regret de ne trouver que très peu de choses sur l'art maya, la majorité des œuvres vient d'être transférée au Gran Museo del Mundo Maya, inauguré fin 2012. C'est dommage, mais on découvre une exposition temporaire sur les vêtements traditionnels mayas, le huipil.





Hall d'entrée du Palacio Canton



Stèle de Tabi













La stèle de Tabi, en pierre, représente une scène de chasse sculptée avec un grand réalisme : deux hommes portent un cerf qui était la principale viande consommée par les Mayas.





Vêtements traditionnels féminins...




Avant l’arrivée des conquistadors, les femmes indigènes étaient torse-nu. Ainsi il leur a été imposé de porter des vêtements recouvrant leur corps en guise de « protection de la moralité », pudeur chrétienne obligeant.



... et pour les hommes, la guayabera !










Le huipil ou "hipil" est un des éléments les plus typiques de la péninsule du Yucatán. C'est une robe droite en coton dont la blancheur caractéristique contraste avec les broderies colorées représentant généralement des fleurs.
Les vêtements traditionnels masculins sont la chemise blanche en lin ou en coton, le pantalon de la même couleur et le chapeau.



Escalier monumental en marbre menant aux expositions sur la culture et les traditions des descendants des Mayas.






Bel éclairage de la façade de la cathédrale !

Nous restons dans le centre-ville jusqu'en soirée où de nombreux monuments autour du Zócalo s'illuminent.


Palacio Municipal






























Le Parque Zoologico del Centenario occupera notre dernière après-midi sur Mérida. Même si on adhère pas totalement au concept de l'animal en cage, ce zoo, bondée même en semaine, est une excursion agréable quand on sature un peu du centre-ville bruyant et pollué.















Une importante concentration de flamants roses subsiste dans la région, notamment à Celestun, à une centaine de km d'ici.

Cet écureuil n'hésite pas à jouer avec les passants !







L'entrée monumentale du Parque del Centenario qui mène au zoo.



Ici aussi, on retrouve un petit spectacle de rue qui invitent les habitants à danser sur des rythmes bien d'ici, aux influences caribéennes ! On y voit le même papy se déhanchant en mâchouillant son bout de cigarette qu'on avait aperçu danser sur le Zócalo quelque jours auparavant.









Avant de partir de Mérida, un petit-déjeuner chez Ki'xocolatl s'impose !

On ne pouvait pas se rendre au Mexique et ne pas goûter au chocolat. Originaire des plaines tropicales d'Amérique du Sud et centrale, le cacaoyer, produisant les fèves de cacao, est cultivé depuis au moins trois millénaires dans cette région et dans l'actuel Mexique.
Consommé initialement sous forme de xocoatl (boisson épicée), le mot "chocolat" proviendrait du nahuatl xocolatl, qui est une combinaison des mots xocolli (signifiant "acide" ou "amer") et atl (qui veut dire "eau").
Tisane piña colada, chocolat chaud et brownies maison… mmmmh !






Le livre de la Genèse Maya, le Popol Vuh, attribue même la découverte du chocolat aux dieux. Celui-ci était préparé dans une sorte de mixture d'eau, de poivre, de piment et d'autres ingrédients et était réservés aux riches et aux souverains.
A savoir que la fève de cacao servait de monnaie dans l'Empire aztèque.


Ce sont les conquistadors qui ramenèrent le cacao à la cour espagnole... la mode du chocolat déferla dans toute l'Europe !







L'hôtel Hacienda Inn est notre petit havre de paix (à condition d'avoir une chambre côté patio et d'être en basse saison). On est à deux pas de l'aéroport et assez loin du centre-ville qu'il faut rejoindre en voiture, mais c'est finalement plus pratique pour les excursions loin de Mérida.



















A savoir :

La ville est située près de l'épicentre du cratère de Chicxulub, provoqué par la chute d'une météorite de près de 10 km de diamètre qui a percuté notre planète il y a plus de 60 millions d'années, à la fin du Crétacé. Cette collision marque la fin de l'ère secondaire ainsi qu'une des extinctions massives sur Terre (y compris ces chers dinosaures !). Le diamètre du cratère, d’environ 180 kilomètres, équivaut à l'explosion de plusieurs milliards de "bombe d’Hiroshima". La moitié du bassin du cratère, enseveli sous terre, couvre un morceau de la péninsule du Yucatán et Mérida se trouve à l'intérieur.


Qu'est qu'une hacienda?
C'est une exploitation agricole d'Amérique latine, de grandes dimensions, entourant des locaux d'habitation. Les riches propriétaires espagnols qui les occupaient étaient appelés haciendados. Ils firent fortune grâce à la culture de l'agave. Puis, avec le déclin de la production, les haciendas furent abandonnées ou bien transformées en hôtels.
La plupart des haciendas ont été construites sur des sites pré-hispaniques au 17ème siècle. Certaines sont visitables autour de Mérida.




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