Une photo sans touriste d'une des merveilles du Monde, c'est possible dans les premières minutes après l'ouverture du site ! |
Chichén Itzá est le site le plus touristique du Yucatán.
Cette cité, la plus puissante du Yucatán, a connu son apogée entre 750 et 1200 et était alors un énorme centre commerçant, religieux et militaire. Elle était alliée à d'autres cités puissantes, comme Uxmal et Mayapán.
Des vestiges d'une diversité impressionnante s'étalent sur 300 hectares divisés en 2 zones : au nord le style architectural maya-toltèque et au sud (centre) une zone au style uniquement maya, plus ancienne.
Patio de las Monjas (zone sud) |
La civilisation maya, une des plus brillante du Nouveau Monde, était
jadis implantée en dehors de la frontière de l'actuel Mexique, au Belize
et au Guatemala.
On se pose encore beaucoup de questions sur
cette civilisation qui vénérait le soleil, la lune ou encore la pluie et
qui pratiquait le sacrifice humain.
Visiter les sites archéologiques à l'heure de l'ouverture est un bon compromis. On évite la chaleur et les hordes de touristes débarquant des bus de voyages organisés vers 10h du matin. A Chichén Itzá plus qu'ailleurs, ça peut vite devenir une horreur !
En plus, sur la péninsule du Yucatán en période humide, les orages sont plus fréquents l'après-midi.
Avant 10h, les vendeurs de babioles sont encore en train de s'installent tranquillement entre les sites et surtout le long du sacbé menant au cénote, et ne s'occupent pas des quelques visiteurs qui passent. Mais une fois passé cette heure, le flot de touristes se fait harcelé continuellement, et c'est assez pesant !
La visite débute par la "zone nord", datant du 11ème siècle et mêlant styles maya et toltèque. Et quel est le premier édifice qui apparaît devant nous sur la grande Place centrale ? El Castillo ! Depuis le temps qu'on l'attendait celui-là !
El Castillo de Chichén Itzá, c'est l'idée qu'on se fait de LA pyramide maya (et aussi toltèque pour le coup !). C'est la star du Yucatan ! LA photo que l'on trouve dans les guides touristiques qui parlent du Mexique ! Et c'est vrai qu'elle en impose !
Elevée vers 800, cette construction pyramidale à base carrée était originellement recouverte de plâtre peint en rouge vif !
Le nom de El Castillo ("le château") a été donné par le frère Diego de Landa, dans les premiers temps de la conquête.
Les 4 escaliers sur chaque face sont orientés vers les 4 points cardinaux.
Rien a été laissé au hasard, de nombreux éléments correspondent aux principes du calendrier maya.
Tout d'abord, les 52 panneaux de chaque face fait allusion au nombre d'année de ce calendrier.
Ensuite lorsqu'on additionne les 92 marches sur chacun des 4 côtés + 1 marche au sommet, on obtient 365 !, soit le nombre de jour que met la Terre pour faire son tour du Soleil.
Enfin, sur chaque côté, les 9 terrasses séparées par un escalier central donne 18 terrasses, soit le nombre de mois du calendrier maya. En outre, ces 9 corps en talus symbolisent les plans du monde souterrain.
Au sommet siège un édifice carré, temple de Kukulcan, qui abrite un chac mool et un jaguar aux yeux de jade.
Son autre petit nom, Pyramide de Kukulcan, fait allusion aux deux têtes de serpents aux pieds des rampes de l'escalier nord. Kukulcan est le nom maya de Quetzalcoatl (des toltèques).
Aux équinoxes (en mars et en septembre), le corps de ces deux serpents se meuvent sous l'effet d'une illusion d'optique ! On aurait alors l'impression que les reptiles serpentent de chaque côté de l'escalier nord. C'est quand même ingénieux ! Ce phénomène représente la descente du dieu Kukulcan sur la Terre et donne lieu à une fête populaire à Chichén Itzá.
L’ascension des 24 mètres de la pyramide étant désormais interdite (vu le nombre de visiteurs, ça se comprend !), il n'est plus possible d'avoir un point de vue sur l'ensemble du site.
Ce sont les Xius, émigrants de culture toltèque et venus du centre du Mexique, qui enrichirent la culture maya, avec notamment l'apport du dieu serpent Kukulcán.
Longue de 168 m, l'aire de jeu de balle (ou jeu de pelote) de Chichén
Itzá est la plus vaste de tout le Mexique et dans un excellent état de
conservation. Les dimensions du terrain sont impressionnantes.
On distingue à peine l'anneau sur chacun des immenses murs latéraux |
Ce jeu avait une signification cosmique et politique
et consistait le plus souvent en un duel opposant un chef victorieux à
son ennemi vaincu. L'issue du match était fixée d'avance et prenait une
signification métaphorique : représentant la lumière, la création du
monde et la vie, le chef victorieux devait défaire symboliquement le mal
et l'obscurité. Pour assurer cette victoire, l'autre équipe était
affamé pendant plusieurs semaines et si les joueurs montraient encore
trop de vaillance, on leur cassait une jambe ou un bras avant le duel.
Les perdants étaient enfin offert en sacrifice aux dieux.
On comprend mieux alors que ce jeu de balle était plus un rituel religieux qu'un sport !
Les anneaux de pierre des murs latéraux des terrains sont très bien
conservés. C'est à l'intérieur de ceux-ci que l'on devait faire passer
une lourde balle en bois pour marquer un point. Vu la configuration de
la chose, cela devait demander beaucoup d'adresse !
Les murs du terrain confèrent au lieu une excellente
acoustique, si on claque une fois dans les mains au centre du jeu,
l'écho se répète plusieurs fois !
Contrefort Est du Jeu de Pelote qui est accolé au Temple des Jaguars |
La balle ne devait
jamais toucher le sol et être touchée uniquement par les coudes, les
genoux ou les hanches (ni les mains, ni les pieds). Des battes pouvaient
être utilisées.
La partie pouvait durer plus d'une journée !
La cité comptait 13 terrains de jeux de balle à l'origine.
Les joueurs portaient des protections, comme on peut le voir sur les bas-reliefs.
Ces reliefs sur les talus représentent les deux équipes de 7 joueurs de
balle assistant à la décapitation du capitaine de l'équipe adverse. Des
flots de sang en forme de serpents surgissent du coup de la victime.
Le Temple Nord ou de l'Homme Barbu au fond du terrain du Jeu de Pelote |
Au centre du terrain, de chaque côté, un crâne sculpté dans un cercle... la mort est représenté partout ! |
Dans la partie inférieure du Temple des Jaguars de style maya-toltèque, il y a une annexe d'une seule salle :
Soutenant le linteau de cette petite salle, deux pilastres sont décorés entre lesquels est installé un trône de jaguar.
Ces pilastres sont remarquablement ornés de motifs végétaux, de guerriers et de diverses représentations du dieu Kukulkan.
Détail de la partie supérieure du Temple des Jaguars |
La façade est ornée d'une suite de jaguars, d'écus, de serpents à plumes et de rondins.
Le mur des Crânes ou Tzompantli en maya est une plateforme basse en forme de T qui a le pourtour sculpté des crânes grimaçants plantés sur des pieux. Ces ornementations sont caractéristiques des Toltèques qui ont apporté leurs croyance et leur art depuis le Mexique central.
On suppose que les crânes des guerriers sacrifiés étaient exposés sur des piquets sur cette plate-forme.
Chaque rampe est couronnée d'une tête de serpent. |
Autre petite structure de la zone, le Temple des Jaguars et des Aigles à droite.
Des jaguars, symbolisant la nuit, et des aigles, représentant le jour, sont gravés tout autour de cette plateforme carrée.
En tant qu'offrande au Soleil, l'aigle dévore un cœur humain qu'il tient entre ses serres. |
Ces représentations d'animaux sacrés dévorant des cœurs humains sont aussi typique de l'art toltèque. On en avait pas vu à Uxmal ou dans les autres sites mayas visités.
On remarque la finesse du travail : les félins sont sculptés avec leurs taches et les rapaces avec leur plumes.
Temple de Vénus |
Le Temple de Vénus est semblable au Temple des Aigles que l'on vient
juste de passer. Sa particularité est la présence de motifs symbolisant
la planète Vénus.
Le dieu toltèque Quetzalcóatl , signifiant "Serpent à plumes" est bien représenté sur les angles de l'édifice et sa tête surgit des rampes des escaliers en plusieurs endroits.
L'homme-serpent-oiseau du Temple de Vénus |
L'homme-oiseau-serpent est très souvent représenté dans l'architecture toltèque. Il sort ici d'entre les crocs d'un serpent emplumé.
Le Temple des Guerriers, appelé aussi Temple aux Mille Colonnes, est un impressionnant chef-d'oeuvre.
Le
Groupe des Mille Colonnes était autrefois un vaste espace de 22 500 m2
recouvert d'une toiture. Ces colonnes sont pour la plupart à même le sol
et s'étendent à l'ouest et au sud du Temple des Guerriers.
Les colonnes sont ornées d'un guerrier à plumes, armé d'une lance.
En haut de l'escalier, on distingue la silhouette de la sculpture toltèque du Chac mool qui garde le Temple des Guerriers depuis des millénaires. |
Ce lieu avec ses colonnades de pierre était peut être un marché. |
Petit rappel sur le Chac-mool : c'est un personnage à demi-allongé sur
le dos tenant une coupelle sur laquelle on déposait des cœurs et du sang
humains (respectivement organe et liquide vitaux) pour les dieux.
Un homme-oiseau-serpent, lié à Kukulcan, sort ici aussi de la gueule d'un serpent.
Sous une palapa, des vestiges sont ornés d'une procession de jaguars avec restes de peinture d'origine |
Le cenote sacré est accessible depuis la cour de l'El Castillo, en empruntant un sacbé. On se trouve devant un profond puits naturel de 60 m de diamètre. La zone est sécurisée par une barrière est on a beaucoup de mal à voir l'eau au fond.
Le lieu, appelé le Puits des Sacrifices, recevait des offrandes au dieu Chac et était témoin de sacrifices humains. On a retrouvé dans ses profondeurs des disques solaires recouvert de pierres précieuses et de nombreux autres objets en or, en jade, nacre, bois, céramique, etc... ainsi que 21 crânes d'enfants !!!
Ce cénote, source d'eau vitale pour le peuple, est la cause de la dénomination du lieu : Chichén Itzá veut dire "la bouche du puits des sorciers de l'eau" ou "des Itzaes". Ceux-ci étaient la tribu maya fondatrice de la ville vers 500.
Plus au sud-ouest, la "zone sud" de style purement maya n'a pas reçu d'influence toltèque. On retrouve les éléments d'ornementations géométriques du style Puuc auquel on est habitué maintenant.
Sa date de fondation est incertaine (tribu maya des Itzaes vers 450 ?), mais elle regroupe les édifices les plus anciens de Chichén Itzá.
Cependant, on sait que le monde maya a connu une phase de déclin dans toute la région, au cours du 10ème siècle. Mais le siècle suivant, des tribus toltèques, venues du Nord, ont repeuplé la cité et ont apporté leur architecture et leur culture.
La Tombe du Grand Prêtre (Tumba del Gran Sacerdote) est une petite pyramide flanquée d'un escalier sur chacune de ses faces. Les restes d'un prêtre y fut découvert, d'où son nom.
Cet édifice à 7 corps possède des escaliers décorés de serpents entrelacés.
Les peintures de serpents, oiseaux et autres créatures qui étaient peintes à l'origine sur les murs, ont disparu.
Tombe du Grand Prêtre |
La Casa Colorada (ou Chichanchob en maya) est de pur style Puuc. Son nom est tiré du fait qu'elle était à l'origine peinte en rouge.
L'observatoire astronomique fut appelé El Caracol ("l'escargot") par les espagnols ou bien aussi le "colimaçon" à cause de son escalier en spirale.
La particularité de cet édifice emblématique de Chichén Itzá réside sur le fait qu'il a été construit en fonction du passage et de l'apparition des astres à des dates-clés du calendrier maya (par exemple, alignement des portes d'entrées avec le Soleil).
Ses quatre entrées sont axées selon les points cardinaux.
Fins astronomes, les mayas étudiaient les cycles de la Lune et des étoiles et déterminaient ainsi avec précision les périodes de plantation et de récolte.
Le Temple des Nonnes est encore debout après un dynamitage par chercheur de trésors qui n'a pas trouvé son bonheur ! Là encore le petit nom à connotation religieuse (à croire qu'ils n'avaient que ça dans la tête !), a été donné par les premiers explorateurs espagnols à qui les petites salles du monuments avaient fait penser à un couvent.
Avec sa décoration de mosaïques et de grecques, l'Eglise est un des monuments les plus beaux de Chichén Itzá. |
Les masques de la divinité de la Pluie sont de partout. On observe sa
trompe caractéristique dans les angles de cet édifice carré appelé
"l’Église". On peut voir aussi une frise ondulante de serpent et des
niches sculpté des 4 animaux mayas mythiques (tortue, crabe, tatou et
escargot). Ceux-ci appelés bacabs soutenaient le ciel, d'après leurs croyances.
Entrée orientale de l'annexe de la Maison des Nonnes |
Une magnifique façade se dévoile à nous quand on se tient sur le Patio de las Monjas. Il s'agit du prolongement de l'Edificio de las Monjas ("Edifice des Nonnes").
Un personnage coiffé d'un grand couvre-chef, pieds et mains croisés, est sculpté au-dessus de la porte d'entrée entourée de dents. On observe une frise de masques du dieu Chac de part et d'autre du personnage central. Celui-ci a probablement remplacé un masque de Chac qui était là à l'origine. C'est une caractéristique du style Chenes.
La silhouette géométrique de la plus célèbre pyramide du Mexique est reconnaissable d'entre mille ! |
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